En ce frisquet jour de février, où, peu de temps après la création de notre Compagnie, voilà que je republie les anciens articles écrits depuis 2012 sur la Flèche Perdue.
Je viens de tomber sur l’un de mes billets d’humeurs, datant du 30 décembre 2012, qui est encore terriblement d’actualité.
Bonne lecture à ceux qui en auront le courage !
Le Capitaine.
Notre discipline est particulière. Du moins, elle est suffisamment différente des deux disciplines de tir les plus répandues dans les compagnies et clubs depuis quelques dizaines d’années que sont le “classique” et le “poulies”.
Cette différence s’exprime principalement par l’arme que nous employons, beaucoup plus simple, mais loin d’être pour autant plus basique ; par la technique que nous utilisons pour atteindre notre cible, souvent qualifiée à la hâte par les non-initiées de “tir au pif”.
Une chose devrait pourtant être commune à ces trois disciplines, et en particulier dans les compagnies : les valeurs de l’archerie. Ces dernières étant traditionnellement défendues par les Chevaliers d’arc (pour les compagnies) ou par des archers d’expérience (dans les clubs), elles sont visiblement en voie de disparition.
Parlons de la valeur qui me vaut l’écriture de ce billet : le respect. Ce mot, d’après le dictionnaire, et appliqué à un individu, groupe d’individus ou activité décrit l’action d’avoir de la considération, si ce n’est de la bienveillance dans les cas les plus favorables, et s’oppose ainsi au mépris et toute autre action défavorable.
Si je me permets de le rappeler, c’est que je me rends compte que beaucoup l’ont oublié, même au sein de la compagnie d’arc où nous étions.
Oui, étions. Car malheureusement, par manque de respect, nous nous sommes résolus à en partir pour rejoindre l’une des rares compagnies d’arc où ces valeurs ont toujours un sens.
L’irrespect de notre discipline est flagrant, presque permanent dans la plupart des lieux de pratique, mais heureusement, il existe quelques oasis où nous pouvons tirer à l’arc sereinement. Ces lieux étant rares, je me ferai une joie de les recenser, et je vous invite à m’envoyer les coordonnées des compagnies que vous connaissez où officient sans encombre des tireurs instinctifs, je rajouterai au fur et à mesure un lien vers chacune d’entre elles.
On peut traiter tout le monde d’imbécile, tant qu’on le fait avec respect.
[Don Was]
Pourquoi sommes-nous les seuls à subir ces quolibets alors qu’au final nous avons le même but que tout archer : envoyer notre flèche le plus précisément possible dans notre cible ?
Peut être est-ce parce que notre approche de la performance est différente? Un score est une chose, mais une sensation est incomparable ! Nous sommes bien plus intéressés par un tir à la gestuelle parfaite et dont la sensation est forte que par un 30 sur une volée.
Peut être est-ce parce que nous paraissons “simples” avec nos arcs ? Nos arcs ont beau être faits de bois, il y a plus de travail humain lors de sa fabrication que pour n’importe lequel des arcs en carbone. Et avoir une arme simple ne signifie pas qu’elle n’est pas efficace, loin de là ! Un arc visuellement simple fait-il de nous des “simplets” ? Je ne le crois pas. Notre technique permet à l’archer de s’adapter à toute situation et en rien le matériel ne l’entrave, l’arc se plie aux exigences du tir de chaque flèche, de chaque position, sur chaque cible. A contrario, c’est l’archer qui s’adapte à son matériel lorsque celui-ci est sophistiqué au détriment de son autonomie: mettre mon viseur 2 crans plus bas, ressortir mon berger-bouton…
Peut être est-ce parce nous représentons le tir à l’arc “traditionnel” dans la mémoire collective ? Il est vrai que nos arcs et notre technique sont bien plus proches de ce qui avait court lors des siècles où les armes à feu n’existaient pas encore. Certains pseudo-gardiens du savoir se sentent peut être menacés par des gens voulant pratiquer de cette façon. Ces mystificateurs ne pourraient plus alors cacher les déformations qu’ils osent présenter comme traditions du noble jeu de l’arc et devraient se remettre en question.
Peut être est-ce parce que cela semble trop aléatoire au départ ? Il est vrai que les premiers temps pour un archer instinctif sont durs. Mais c’est le cas pour tous les archers qui débutent ! Ont-ils oublié leurs piètres performances lors de leurs premières séances ? Qui n’a pas perdu ou cassé de flèches dans ses débuts… Pas moi en tout cas, au grand bonheur des pots de fleurs, et au grand malheur du porte-monnaie.
Peut être est-ce simplement par ignorance et/ou bêtise ? C’est probablement vrai dans la majorité des cas que j’ai pu constater, et leur montrer et leur expliquer suffit souvent à lever les réticences. Mais certains ont une très grande résistance au changement, et rien ni personne ne pourra les convaincre que notre pratique est convenable. Tant pis pour eux s’ils ont sombré dans l’intolérance.
Chers amis archers instinctifs, nous n’avons pas choisi la facilité. De par la discipline que nous imposent la technique d’une part, et d’autre part la difficulté de trouver chez nos contemporains l’égard qui nous est dû.
Nous sommes en quelque sorte comme des amateurs de musique classique perdus dans une rave party. Les autres peuvent se moquer, mais ils oublient que toutes les musiques qu’ils écoutent sont issues de morceaux plus anciens.
Que cela donne à réfléchir à nos détracteurs.